Nous étions de ces mondes que seule la Lozère peut dans le secret de ses gorges profondes produire au fil des millénaires. Au pied d’Enimie un visage se reflétait dans la source de Burle qui par ses eaux salvatrices aurait guéri de la lèpre cette princesse mérovingienne qui donna son nom au village. O figure magique je t’ai cherchée partout dans les façades calcaires parsemées d’ocre où ta présence m’envoutait au plus haut du causse de Sauveterre. Nous partîmes au matin dans la fraicheur d’un ciel qui s’ouvrait et très vite nous fûmes dans le bouillonnement de nos corps en puissance. Nous prîmes d’immenses chemins à flanc de falaises qui étaient interdits par décrets préfectoraux aux éventuels suicidaires… car (disaient-ils) trop tentants !!!!
Je sentais mon sang mes larmes et ma sueur et Churchill dans les nuages fumant son cigare…mes pieds dérapaient dans les ardoisières aux arêtes tranchantes…je crus y voir des morceaux de doigts de traileurs !!!!!..nous étions comme des fous poussés par la rage de vivre en une course folle qui ne cessait d’accélérer..je m’enflammais dans les descentes vertigineuses sautant ici où là dans les arbres qui freinaient ma course…puis je me calmais aussitôt sur les grosses patates qui montaient inlassablement où je rampais sur le sol pour m’accrocher aux caillasses en soufflant comme un chevreuil aux cuisses durcies des rochers âpres. De ces patates je faillis presque m’évanouir de fatigue accumulée, du souffle coupé. J’entendais au bas dans la vallée des cris de torture et je redoublais d’effort à monter au plus vite en mode chamois. Ce fut long ..tortueux..exigeant ..rebondissant ..épuisant…mais l’immensité des gorges et le déroulé généreux des courbes du Tarn féminisait les lieux magiques…d’immenses prairies trônaient sur le causse touchant le ciel qui ‘s’embleuissait’ tapissées de multiples fleurs blanches et roses …mon cœur était dans into the wild au firmament de la liberté que je touchais du doigt …je cherchais ta présence ô douce princesse au murmure du vent…. mes jambes pétries de crampes dès la troisième heure du premier jour auguraient des souffrances que j’allais affronter…les canyons rêvés…la douce cloche qui tinte pour abréger nos discussions...un instant du bonheur de la vue surplombante si perchée…des visages aériens…puis le doux repas ..la bonne douche …le vrai bivouac…le jacuzzi…les massages incroyablement longs...surtout ceux des pieds..Puis la seconde course plus rapide plus folle plus dynamique en nos contractures douloureuses..j’ai su puiser dans ton calice...je voulais être au rendez-vous !!!! à Loïc qui m’avait prévu tant de poésie en ses dolines de feu je fus comblé de tant de diversité, de tant de calme concentré sur des km de solitude dans la symphonie des fleurs rares . J’en ai bien chié…Mais ma muse était présente en sa mansuétude des horizons…Merci à Thomas pour ses visions légendaires, Anthony pour sa force joyeuse, Seb C pour son onguent asiatique, Seb h pour mes mollets, Julie pour ses encouragements !!!!!
Nous en étions !!!! Ces mondes ancestraux à la pierre qui sourit… ces eaux montagneuses…ces attentes entre deux ciels…ces mystères profonds…Cette vie coupée du monde…cet instant de la côte qui pend..
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