La Branlée .....

Les mauvaises langues vont tout suite penser aux 9 heures ou quelques 40 bornes que m'a mis dans le museau le frangin ! 

Eh ben non... 

Mon chrono, 36h20' me satisfait amplement et j'aurai signé des deux mains avant la course pour ce temps ...

Non, la branlée est ailleurs ....

J'ai pris trés peu de plaisirs dans cette course et c'est ce que je recherche ... J'ai atteint la limite du dé goût ...

Tout a commencé assez vite (2ème km), au moment précis où j'ai "cliqué" mes bâtons... 

J'ai eu l'impression de ne pas les avoir quitté depuis l'Ultra di Corsica ... mon cerveau n'avait pas encore fait reset....

La première montée courue et ... marchée droit dans le pentu m'ont ensuite indiqué que mon corps n'était pas forcément d'accord pour s'en reprendre une bonne  !!!

Il m'avait pourtant prévenu ces dernières semaines avec une sinusite tenace et une vivacité de marmotte (en hiver)!!!

Bon....

Les paysages magnifiques, le beau temps et finalement un avancement correct m'ont fait penser que ce n'était pas un grand jour, que ça allait être long  mais que j'allais passer une belle journée et nuit en montagne !!

Jusqu'au Pic du Midi, la cocotte était en chauffe mais pour le reste, pas pire ...

Puis, direction Hautacam, magnifique mais 19km sans pouvoir se rafraichir sous cette chaleur m'ont fait passer du côté sombre de la course !!! Pourtant, j'ai bien bu... Sûrement, trop car mon petit corps avait stoppé sa fonction digestive et activée la vomitive !!! Ca tomber dans l'estomac, ça brassait et hop ..... (Je vous épargne les détails..).

Un moment de répis fût la rencontre avec Christophe André, coureur du CAP Condé avec qui j'allais partager quelques portions du parcours par la suite !! Trés sympas ces moments.. Merci Christophe..

Hautacam, encore 100 bornes et 5000 m de D+ !!!

Bon, je fais mon malheureux mais quasi tous les coureurs ont connu ce coup de chaud et ses grosses difficultés pour s'alimenter ... C'est le prix à payer pour ce grand beau temps (>30°C)...

Tous, non pas Francky qui a fait honneur aux ravitos !! 

Pour moi, le problème était certainement l'état général du bonhomme : la succession des ultras est elle aussi indigeste.

Donc, 100 bornes.... 

A Pierrefitte, (vu la tête de mes parents et nièces) il fait peur le garçon ... Bon, je suis pas le seul, c'est la cour des miracles et plus de 40% n'iront pas plus loin...

Un smecta avec un tiers de verre d'eau... Ça tient ??? Oui.

Alors, je décide de repartir vers 1800m de D +, la nuit rafraichissante ?? et un éventuel mieux mais sans réels espoirs... Je suis calciné dans tous les sens du terme !!!

Ca monte, ça monte doucement mais ... La nuit arrive, tiède, étoilée, zébrée par les orages lointains et j'y continue ma procession sans plaisirs, en pensant que j'allais demander à Séb des conseils pour me lancer dans le surf ou le body pour être au frais dans l'eau ...

Je ne pense qu'à ça .. me mettre la tête dans la flotte ... je suis en surchauffe ...me revoilà sourd comme au Trail du Brévon l'an passé ..

Avec toutes ses pensées, j'arrive au col pour plonger sur Cauterets après la plus grosse patate du parcours et là ... Un plaisir, ah quand même ... Je passe le col et m'allonge dans l'herbe grasse et accueillante et là je mesure ma chance de pouvoir admirer la voûte céleste, seul, sans lumière parasite, parsemée d'éclairs au loin et d'ètoiles filantes ...

5 minutes magiques où tel un Jean Marc Barr dans le Grand Bleu, j'envisage de rester là et de laisser les heures défilées ... Pourquoi fuir cette plénitude pour replonger vers la galère ?

Allez, une petite gorgée d'eau qui me rappelle mon état et c'est reparti : fais ch.....

Cauterets : pas pire ni mieux .. Dernière rencontre avec mon père et direction Luz pour dormir, ma seule envie...

Avant 1000 m de D+ et une longue montée/descente peu pentue ...

Pour le dodo, ça n'attendra pas le ravito... l'appel de la grasse et des étoiles fut plus fort, un petit coin en balcon, derrière un tracteur et un C15, constitua mon petit nid .... 10´ de sieste ....

Luz, je retrouve Christophe et le jour .... il reste 40kms donc ... 10h avant de finir cette trop longue balade ...

On repart ensemble en se motivant avec nos souvenirs d'anciens combattants du trail : le GRR et l'Archange pour Christophe, la PTL pour moi ... 

Au pied du dernier col, j'envisage la fin avec ce compagnon trés agréable mais c'est sans compter sur la fatigue et cette demi soupe et demi verre de coca ingurgités de manière présomptueuse !!!

Bilan, nouvel appel de cette tendre pelouse montagnarde (10') et nouveau "retour gastrique" !!!

Ensuite, final long, long, long, chaud entrecoupé d'averses (déjà) orageuses .... Je suis zombique, pensant à l'intérêt de s'infliger ça ....à l'intérêt de finir .... 

Dernière descente, je débranche le dernier neurone qui résistait et je cours pour en finir le plus vite possible ...

Arrivée .... Plus soulagé qu'heureux ... Je ne suis pas fier de moi, de ce que j'ai fait vivre à mon corps et à ma tête...

Bon, ce sentiment aurait été pire si j'avais stoppé et c'est pour cela que je suis allé au bout  !!!

Après coup, je suis forcément content d'avoir bouclé ce 160 ..  

Mais, faut que j'en tire quelques conclusions pour retrouver et préserver ce que je recherche dans le trail à savoir le plaisir dans le dépassement de soi et l'effort mais pas dans ce vécu de course qui ne m'apporte rien ....ou pas grand chose.

Conclusions : deux soupes, un verre de coca en 100bornes ça peut le faire avec en plus un bel effet sur la balance au retour....

Les Pyrénées,c'est trés beau,  c'est dur.. Tout est long (montées, descentes, liaisons...) mais le fait de passer qu'une nuit facilite quand même le truc (par rapport à l'Utmb) et pour ma part, il manque un peu de neige et de glace ....

Mon attachement avec le Mont Blanc n'a pas été remis en cause !!!

Et maintenant, repos, repos et Body Board dans l'eau fraîche de la Manche !!! Ahhhhhhn !