Retour sur la Diag
A une dizaine de jours, il est temps de revenir sur nos impressions de finishers d’un mythe de traileur qu’est La Diagonale des Fous…..Alors que ce n’était qu’un rêve voici qq années (surtout le Seb, pour ma part j’étais encore septique l’année dernière sur nos possibilités…), c’est devenu notre réalité, on l’a fait, on l’a vécu dans le coeur de la course, celui des anonymes qui luttent contre les barrières, contre le sommeil et la douleur.
Merci à tous ceux qui nous ont suivi particulièrement à nos familles (elles ont encaissé nos sauts d’humeurs…et fait qq bornes…), et tout spécialement à Benjamin le cousin de Seb avec qui nous avons fait qq tronçons notamment la montée du Maïdo par 35°C…
Mercredi 21/10, remise des dossards, ça sent bon l’ambiance course, le stress monte tout doux, nous faisons la récolte des produits des partenaires derrière le tram Bretagne, z’on l’air affutés ces Bretons.
Jeudi 22, grand jour, celui que l’on attend depuis 8 mois (au moins…), le matin prépa des sacs, là le stress devient palpable, on a du oublié des trucs, mais quoi? Bref on verra …. petite sieste l’am, nous arrivons sur le site de départ 3h30 avant, contrôle du matos obligatoire, Seb obligé de racheter des bandes élasto, la pression, la pression…
Sur l’air de départ c’est zouc et compagnie, l’ambiance monte on se regarde, putain on y est! Un petit orage nous rafraichi, hop les veste de pluie sorties, elles seront rentrées pour le départ,nous ne les remettrons pas. Le speaker appelle les 50 élites (sans nous?!), la sono tombe en panne, nous n’entendons pas le starter, mais ça part vite dans les rues de Saint Pierre, nous partons tranquille dans le dernier tiers du troupeau avec une ambiance de malade, des supporteurs sur 10km, des mains que l’on tape à longueur de rues, ça crie, ça chante, ça danse, c’est de la folie, on y est, on y est, c’est la Diag! On a même un peu peur de se perdre, nous partons à trois avec Bruno. Nous profitons.
Premier contrôle horaire, 2 h d’avance sur la barrière, c’est top, le plan marche à merveille, nous avons fait 14km…..Prochaine étape ça devrait se dérouler tranquille, sauf que……A la faveur d’un passage technique un goulet se forme, et nous voilà planté 2h30 pour faire 1,5km, nous commençons à tergiverser, et si notre diag se terminait au km24? Nous courrons à bonne allure pour rallier Notre Dame de La Paix avec seulement 20 mn d’avance sur la barrière, nos plans sont remis en cause, va falloir se battre avec les barrières, nous avions prévus des repos…bah, faudra faire sans!
Lever du jour lors de l’ascension de Piton sec, nous voyons le Piton de La Fournaise en éruption, c’est magique, je prend qq photos, on profite.
Les paysages sont grandioses, la météo est avec nous, heureusement « Mare à boue » est sèche, il nous faut gravir Coteau Kerveguen, Seb coince un peu, je fais le dernier kilo de Kerveguen seul, les barrières sont limites, Seb s’arrache dans la descente pour me rejoindre après le ravito, super content de le voir avant Cilaos que nous rejoignons après une descente de dingue avec échelles, racines, marches de plus de 50 cm. Visite des familles, après une douche et un repas obligés de repartir car nous n’avons que 15 mn d’avance sur la barrière, le Taïbit devant nous et la nuit arrive…
La pause de Cilaos nous fait du bien (humm la douche bien froide), montée du Taïbit sur un bon rythme et surtout tisane locale à base de géranium que nous offre un Réunionnais dans la seconde partie de l’ascension, je ne sais pas ce qu’il y a dedans mais je me sens très très bien….(mieux que Le Tournesol?). Nous basculons dans Mafate arrivons sur le ravito de Marla, plusieurs couvertures sont sorties et nous voudrions dormir mais le froid nous en empêche. Je coince dans une section, j’aime pas la nuit! Nous repartons en pensant que les barrières allaient être plus jouables mais Seb n’a que 6 mn d’avance à l’arrivée de « d’Ilet à Bourse », nous ne reprenons plus rien, le moral commence à être touché alors que nous avons fait la descente correctement (1000m de D- en 11k) la fatigue se fait sentir. Mais Seb gonflé à bloc, ne voulant pas céder imprime un bonne allure, nous arrivons sur « Grand Place » avec une avance confortable que nous grillons avec repas et un sommeil de 20 mn mérité dans un bois sur « Roche Plate », les bénévoles ferment le poste (et fin du ménisque pour Bruno), et nous repartons avec Benjamin, son aide est précieuse.
Le soleil se lève, montée sur « le Maïdo » (1500m de D+ sur 10k), ça pique dur mais c’est magique, grandiose, je n’ai plus de superlatif, je revis! j’ai les larmes aux yeux, c’est la diagonale telle que je l’imaginais! Au sommet changement de matos, les pieds sont douloureux, les humeurs commencent à être changeantes (Seb tient absolument à SA saharienne) , la fatigue prend le dessus, mais faut redescendre sur « Sans soucis », encore une descente de dingue avec des racines dans tous les sens. « Sans soucis » est là, je suis exténué, je fais peur à Jules venu à ma rencontre, je veux absolument dormir. J’y arrive 10mn, mais un bénévole démonte à coup de marteau un chapiteau, c’est le luxe d’être en queue de course…Seb lui gère mieux le sommeil, et nous repartons pour la nuit, je suis un peu reposé, les bénévoles nous mettent dehors car les serres files vont démarrer. Les dernières barrières sont plus cool et nous gérons les ravitos (à coup de « gâteaux patates »)
C’est la troisième nuit, des raideurs dans tous les sens sous des couvertures dans les chemins, je suis persuadé de voir des tentes de ravitos à chaque virage….On fera un petit somme entre deux voitures à « La Possession »… Sur le profil nous pouvons croire que les portions les plus dures sont derrières. C’est mal connaitre le terrain, « Chemin des anglais », un truc immonde avec 350 m de D+ sur 13 km, facile sur le papier, mais des pavés des tous les sens, des murs en cailloux, je suis éreinté, je pète, Seb m’attend (j’aime pas la nuit!), je vois tout tourner avec la frontale. Je m’endors sur un muret 10 mn mais je repars mieux.
Grosse pause sur « Grande Chaloupe », reste la montée finale sur « Colorado » au soleil, ouf le jour, je revis encore une fois… un gars nous donne du manioc, car les barres « c’est pas manger ça! », descente très technique sur La Redoute prudente, il n’y a rien à gagner, on entend le stade, on devine les attentes, on y est, on la sent cette Diag, putain on l’a FAIT!
Tout le monde nous attend, les spectateurs nous applaudissent, les larmes roulent, nous sommes fiers de ce que l’on a vécu, c’est irremplaçable et indescriptible, je souhaite à chacun de vivre ces moments là et je pense à nos PTL istes qui ont pu connaitre des émotions similaires.
Nous passons la ligne main dans la main, tellement heureux d’avoir vaincu ce monstre à deux pendant 62h et environ 1h15 de sommeil.
Mille bravo. Ton recit m a mis la larme à l oeil.
RépondreSupprimerlaurent bénévole à gd place et finisher en 2007 en 62h.